Gendarmerie : lutte contre le terrorisme et renseignement

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La Gendarmerie doit, par contrat opérationnel, se trouver sur le lieu d’un attentat en moins de 20 minutes. Le maillage territorial lui permet de faire remonter le renseignement recueilli auprès de la population, dont elle assure la sécurité par sa proximité.

Le général d’armée Richard Linuzet, directeur général de la Gendarmerie, l’a expliqué, au cours d’une réunion organisée, le 4 juillet 2017 à Paris, par l’Association des journalistes de défense.

Agir vite. La lutte contre le terrorisme, menace majeure, nécessite une vigilance totale et une coordination avec les autres forces de sécurité et de défense. Le Peloton de surveillance et d’intervention regroupe 450 gendarmes sur le territoire national. En outre, depuis le 1er novembre 2016, tout gendarme, témoin d’un attentat ou en soupçonnant la préparation, peut appeler le centre opérationnel qui prévient le directeur général. Dans les 14 minutes, celui-ci rappelle le gendarme concerné, afin de faire remonter directement l’information opérationnelle auprès des autorités politiques. Le général Linuzet a déjà reçu une dizaine d’appels de ce genre. En cas de suspicion d’attentat, le nouveau schéma national d’intervention précise que la proximité opérationnelle l’emporte sur le territoire imparti aux différentes forces d’intervention de la Police (RAID et BRI) et de la Gendarmerie (GIGN). Lors des opérations extérieures, les armées participent à la lutte contre le terrorisme pour en déterminer le lieu de départ, depuis celle en Afghanistan (2001-2014). Actuellement, 90 gendarmes sont engagés dans la bande sahélo-saharienne au sein d’organisations internationales. Sur le territoire national, les personnels des armées déployés dans l’opération « Sentinelle » selon un dispositif dynamique et non plus statique, représentent 7-8 % des effectifs des zones de Gendarmerie. La Garde nationale, soit actuellement 2.500 réservistes/jour encadrés par des militaires d’active, ne dépend pas d’elle. Suite à la levée de l’état d’urgence en automne annoncée le 3 juillet par le président de la République, un projet de loi prévoit l’établissement d’une zone de sécurité renforcée autour des grands événements et le droit de « visite » d’un lieu de résidence, en cas de suspicion de préparation d’attentat et après approbation des autorités administratives et judiciaires. Enfin, une réflexion est en cours sur l’infiltration possible des filières d’immigration par des mouvements terroristes.

Déceler les « signaux faibles ». La Gendarmerie ne pratique pas « l’infiltration » des réseaux suspects. En liaison avec la Police nationale, ses 100.000 personnels d’active, secondés par 29.600 réservistes et déployés à 74 % en zones périurbaines et à 26 % dans les campagnes, collectent l’information d’ambiance auprès des élus locaux. Ces données sont analysées puis transformées en renseignements en cas de menace avérée, à savoir les signes d’auto-radicalisation. Il s’agit de reconstituer le parcours de gens fragiles, qui souvent se cherchent une vocation. Leur motivation reste difficile à identifier, car ils se revendiquent de Daech après être passés à l’acte. Aujourd’hui, les terroristes se fondent dans la population. La fiche « S » (surveillance) signifie « être l’objet d’une investigation » et…pas seulement pour islamisme radical ! La première consultation d’un site violent n‘est pas répréhensible, mais il est possible de « cibler » quelqu’un qui en visite souvent. La personne fichée « S » ne doit pas le savoir, précise le général Linuzet.

Loïc Salmon

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