Gendarmerie : un musée national directement accessible

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Depuis le 10 octobre 2015, les visiteurs peuvent découvrir le musée national de la Gendarmerie à Melun… sans avoir à déposer leur carte d’identité à l’entrée ! Il est désormais accessible depuis le parvis de l’École des officiers de la gendarmerie nationale, qui a formé plus de 12.000 élèves français et 2.500 étrangers depuis 1945. A l’entrée se trouve une monumentale grenade enflammée, réalisée en alliage de cuivre et d’aluminium et enchâssée sur des lames accrochées à une extension en verre. Cette grenade, qui remonte aux troupes d’élite de Louis XIV, symbolise le grand courage, car les « grenadiers voltigeurs » devaient courir devant les fantassins pour la lancer. Cet emblème militaire, aboli sous la Révolution, sera repris en 1797 par la Gendarmerie, devenue « nationale ». C’est toute l’histoire de cette arme, dont l’origine remonte à la « maréchaussée » de 1339, que retrace son musée nouvelle formule. Au cœur du bâtiment et sur toute sa hauteur, une vitrine suspendue de 18 m de long, 8,5 m de haut et 2 m de large présente une chronologie de référence à travers les silhouettes de gendarmes à pied et à cheval. Les gendarmes, dont l’uniforme sera codifié en 1720, étaient issus de la cavalerie lourde, d’une taille minimum de 1,75 m et coiffés d’un bicorne pour en imposer. Napoléon 1er placera à leur tête le maréchal Moncey qui,  momentanément destitué de sa dignité en 1816, sera nommé gouverneur des Invalides et assistera au « retour des cendres » de l’Empereur en 1840 avant de mourir à 88 ans en 1842. La Gendarmerie, qui n’acceptera les femmes qu’à partir de 1983, a pourtant décidé de confier la direction de son musée rénové à la jeune capitaine Élinor Boularand (photo). Celle-ci en a expliqué les enjeux au cours d’une visite pour la presse le 29 septembre. Pour la première fois, l’institution dévoile son patrimoine et son histoire sans nier la vérité historique, dont son rôle de « Garde personnelle du chef de l’État » (Philippe Pétain), pendant l’Occupation, et sa participation, répressive, aux événements de « Mai 68 ». Les 1.200  m2 d’exposition permanente présentent plus de 2.000 objets, documents et photographies sur une collection de 30.000. Figurent notamment des souvenirs du lieutenant Félix Fontan, à savoir son pistolet, sa croix de chevalier de la Légion d’Honneur et les menottes qu’il avait passées aux poignets de Jules Bonnot. Le 28 avril 1912, il avait lancé une charge de dynamite dans la maison où s’était retranché l’anarchiste. La « bande à Bonnot » avait défrayé la chronique en 1911 et 1912 par ses meurtres et braquages de banques. Le lieutenant Fontan sera le premier officier de Gendarmerie tué en 1914, lors de la reconnaissance d’une tranchée. Il fait partie de ces nombreux officiers et gendarmes qui se sont portés volontaires pour combattre, conscients de leur mauvaise image de « planqués » et de « chasseurs de déserteurs ». A ce propos, une exposition temporaire (10 octobre 2015-10 avril 2016) présente les missions de la Gendarmerie pendant la première guerre mondiale : police militaire ; renseignement sur l’opinion publique ; lutte contre le marché noir et le braconnage ; surveillance des camps de prisonniers de guerre. Depuis, les gendarmes ont retrouvé la sympathie acquise auprès du grand public depuis le milieu du XIXème siècle. Les exploits du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale et les défilés de la Garde Républicaine à cheval le 14 juillet sur les Champs-Élysées y ont certainement contribué, sans oublier les aventures cinématographiques… du « gendarme de Saint-Tropez » !

Loïc Salmon

Les spécialistes de la gendarmerie

Les gendarmes du ciel

 

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